Au secours, mon enfant n’aime pas l’école !
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Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer l’école ? Chaque matin, c’est la même histoire : vous avez l’impression d’envoyer votre progéniture à l’échafaud. Crises de larmes, peur de l’école, refus des devoirs, découragement, absentéisme… Votre enfant n’aime pas l’école et vous le fait savoir à sa façon. Vous ne savez plus quoi faire et vous cherchez des solutions ? Voici nos conseils afin d’accompagner au mieux votre fils ou votre fille dans sa scolarité, sa construction sociale et son épanouissement en classe.
Comprendre l’origine du blocage scolaire
La peur de la séparation ou le grand saut
Les deux premières années de sa vie, votre enfant traverse une étape « anxiété de séparation » nécessaire à son développement. Il s’agit d’une transition saine entre son cocon familial et un monde extérieur étranger.
Passé cet âge, il peut vivre des périodes d’anxiété de séparation lors d’événements nouveaux, tels que son entrée à l’école maternelle ou primaire. Un vrai saut dans l’inconnu ! Le stress de la rentrée scolaire est donc tout à fait commun et se dissipe en général rapidement, quand l’enfant trouve ses marques.
En revanche, lorsque l’angoisse dure et que l’inquiétude de la séparation devient trop intense, on parle de trouble de l’anxiété. Celui-ci peut être chronique ou motivé par un bouleversement inhabituel : déménagement, changement d’école, maladie d’un proche… Quoi qu’il en soit, il est important d’en parler avec son enfant et de demander le soutien approprié afin de l’aider à voler de ses propres ailes.
Attention néanmoins à éviter la déscolarisation : nous y reviendrons plus bas.
La phobie sociale : l’enfer, c’est les autres
Peur du rejet, manque de confiance en soi, sentiment d’être différent… À la puberté notamment, il est fréquent d’avoir des difficultés à se confronter à d’autres jeunes du même âge – et par conséquent, à leur jugement ! L’école peut ainsi être une véritable épreuve.
Il faut cependant faire la différence entre simple timidité et phobie sociale. On parle de phobie scolaire lorsque celle-ci ne se manifeste que dans le contexte de l’école. Elle se distingue de la timidité par son caractère irrationnel et ses symptômes somatiques :
- maux de ventre ;
- nausées ;
- maux de tête ;
- sueurs ;
- sensation de malaise ;
- pleurs et cris ;
- etc.
Soyez donc attentif à ces signes !
Parfois, derrière la peur de l’école se cache une situation de harcèlement. Trop méconnu, le harcèlement est une forme d’intimidation à répétition qu’il faut prendre au sérieux. Commise par un seul camarade ou par un groupe, il est caractérisé par l’intention de nuire à l’autre dans un rapport dominant/dominé. Il existe plusieurs formes de harcèlement : verbal, corporel, matériel, relationnel ou électronique.
Les situations de harcèlement à l’école sont souvent difficiles à repérer. Être à l’écoute de votre enfant et de son langage non-verbal peut vous aider à les déceler.
La peur de l’échec : des épaules qui portent trop de poids !
Dès son plus jeune âge, votre enfant reçoit une pluie de consignes. Il faudra être sage à l’école, écouter, obéir à la maîtresse, avoir de bonnes notes, être poli et propre, manger à la cantine… Une interminable liste de contraintes qui peut faire peur ! Surtout lorsque l’on doit, en plus, être fort et ne pas pleurer.
Les enfants sont de plus en plus soumis à une tyrannie de la performance […] et de l’apparence. Il faut toujours faire mieux, immédiatement et à tout prix.
Professeur Philippe Duverger, chef du service de psychiatrie de l’enfant, CHU d’Angers.
Peur de rater un contrôle ou un examen, d’être « moins bien » que ses camarades, d’être rejeté ou de décevoir… Alors que l’échec fait partie du processus normal d’apprentissage, il arrive qu’il ait des conséquences importantes sur l’estime de soi d’un jeune. En tant que parent, il peut sembler difficile d’adopter la « bonne » attitude : on veut s’impliquer dans la réussite scolaire de son enfant sans pour autant lui infliger trop de pression.
Parfois, la peur de l’échec peut refléter des difficultés scolaires, voire des troubles des apprentissages plus ou moins sérieux. Dyslexie, difficulté liée à la motricité, trouble de l’attention, haut potentiel, dysorthographie… Les types de troubles sont divers et peuvent refléter les prémices d’un décrochage scolaire. Il est pourtant plus simple que ce que l’on pense d’accompagner et de redonner confiance à un enfant ayant des difficultés à l’école.
Apathie, ennui et précocité : quand l’école n’intéresse pas
Votre enfant ou ado se métamorphose dès qu’il s’agit de se préparer pour aller à l’école. L’apathie s’abat sur lui à la moindre idée de passer la porte de l’établissement. L’école n’est qu’un sujet de plainte, les apprentissages n’éveillent pas son intérêt, il ne veut plus y aller, bref, il s’ennuie.
Avez-vous envisagé le fait que votre enfant puisse être précoce ? Les enfants à haut-potentiel, en plus de s’ennuyer, peuvent avoir du mal à trouver leur place dans une école traditionnelle. Ils peuvent également développer des comportements négatifs, voire violents. Il est donc important de repérer la précocité de votre enfant avant que celle-ci ne devienne une difficulté.
Un enfant qui sèche les cours, oublie son matériel, manque d’attention ou s’efface en classe peut également être en situation de décrochage. Cela peut aller jusqu’à un refus total de l’autorité et du système scolaire. Les raisons sont variées et ne reflètent pas forcément des difficultés d’apprentissage. Le modèle de Rumberger relève cinq principaux facteurs de risque :
- Le jeune : son genre, son origine, sa langue, ses problèmes de santé ;
- La famille : son statut socio-économique, sa composition (monoparentalité par exemple), le niveau d’éducation et les attentes des parents ;
- Les fréquentations : influence collective ou isolement ;
- Le quartier : favorisé ou non, taux de criminalité ;
- L’école : l’ambiance en cours, l’organisation de la classe, la solidarité entre les élèves, les pédagogies mises en œuvre, l’engagement des enseignants…
Quoi qu’il en soit, le décrochage scolaire n’est pas une fatalité. En tant que parent, vous pouvez agir ! Sachez que c’est aussi aussi l’affaire des enseignants : nous y reviendrons plus bas.
Quelle attitude adopter quand mon enfant n’aime pas l’école ?
Dialoguer avec son enfant pour l’aider à surpasser ses angoisses
La première étape, c’est d’instaurer le DIALOGUE ! Parler avec son enfant est essentiel. Le dialogue permet de mettre en place un climat de confiance, d’aider votre enfant à se sentir soutenu, écouté, valorisé, et donc bien dans sa peau.
Il permet également de déceler un potentiel mal-être, d’aider l’enfant à s’en libérer, à s’ouvrir. Un jeune victime de harcèlement scolaire a, par exemple, en général beaucoup de mal à en informer son entourage. Comme de nombreuses victimes d’abus moral ou physique, il peut ressentir de la honte, une peur des représailles ou encore de la culpabilité…
Voici quelques clés de comportement à adopter avec votre enfant :
- Montrez que vous êtes présent, intéressez-vous à lui sans trop vous immiscer dans sa vie privée.
- Rassurez-le : il est normal d’avoir des craintes, il est capable de les affronter et vous êtes là pour lui.
- Rappelez-lui des choses dont il avait peur et qu’il a réussi à surmonter.
- Félicitez-le lorsqu’il fait un effort ou réussit une étape et rassurez-le lorsqu’il échoue : les champions sont tous passés par des échecs.
- Ne dédramatisez pas ce qu’il ressent, chaque émotion est légitime (éviter les phrases du type « N’exagère pas, l’école ce n’est pas non plus l’enfer »).
- Parlez au futur, pas au conditionnel (« Quand tu iras à l’école demain… » au lieu de « Si tu vas à l’école demain… »).
- Instaurez des étapes (« Aujourd’hui, je t’accompagne jusqu’à l’école. Demain, jusqu’au coin de la rue », etc.).
- Gardez les au-revoir essentiels, mais courts – inutile de dramatiser une séparation d’une journée.
- En fonction de l’âge et du problème rencontré, vous pouvez l’aider à mettre en place une méthode de travail efficace.
- Partez sur de bonnes bases et préparez la rentrée avec lui pour bien démarrer l’année scolaire.
Souvenez-vous cependant que l’accompagnement d’un enfant réticent à aller à l’école est un travail d’équipe qui se joue entre les parents, les encadrants et un potentiel soignant pour aider l’enfant. Nous y revenons en fin d’article.
Éviter la déscolarisation et conserver un lien social
Télétravail, confinements… Il est possible que dernièrement, vous ayez passé plus de temps à la maison qu’à l’accoutumée – et par conséquent, plus de temps avec votre progéniture. Vous vous confrontez chaque jour aux cris et larmes de votre enfant qui préfère rester avec vous plutôt que d’aller en classe ? Il est tentant de céder et d’envisager l’école à la maison.
Pourtant, il est primordial d’éviter autant que possible la déscolarisation. Une absence prolongée de ce lieu synonyme de peur pourrait rendre le retour à l’école encore plus pénible. Insistez pour qu’il aille à l’école et encouragez-le à affronter ses inquiétudes, tout en le rassurant.
Il est également important de maintenir des liens sociaux afin d’éviter l’isolement de l’enfant. Vous pouvez par exemple proposer des activités extra-scolaires (sport en club, cours de musique, sortie ou fête avec son cercle d’amis…), en l’invitant toujours à choisir lui-même les activités qu’il a envie de faire.
Réagir en cas de décrochage scolaire
Vous constatez des signes de décrochage scolaire chez votre ado ? Les spécialistes sont d’accord sur ce point : il faut agir dès que les premiers signes se manifestent.
Votre attitude est fondamentale dans la prévention de l’abandon scolaire de votre jeune :
- Adoptez une posture bienveillante et ouverte pour aider votre jeune à verbaliser ce qu’il ressent, sans jugement ni reproche.
- Proposez-lui de prendre des cours de soutien dans les matières de son choix.
- Essayez de comprendre ce qu’il a vraiment envie de faire pour l’aider à regagner de l’intérêt pour l’école. Vous pouvez lui proposer de changer de voie, voire d’établissement.
- Parce que chaque individu apprend et fonctionne différemment, envisagez la pédagogie différenciée.
Quoi qu’il en soit, n’agissez pas seul et faites appel à un soutien extérieur !
Oser demander de l’aide extérieure : vous n’êtes pas seul
N’attendez pas que la situation devienne grave pour alerter l’environnement scolaire de votre enfant.
Échanger avec l’équipe pédagogique vous permettra, d’une part, de comprendre comment votre progéniture se comporte en milieu scolaire. Baisse des résultats, pleurs à l’école, absentéisme, problèmes d’intégration, attitude provocante ou à l’inverse repli sur soi sont autant de signes qui peuvent mettre la puce à l’oreille.
Une fois avertie, l’équipe scolaire sera également plus attentive aux signes de mal-être et pourra vous en avertir aisément. En cas de harcèlement scolaire par exemple, il est probable que les professeurs ne se soient rendu compte de rien. C’est une forme de violence tacite, qui peut avoir lieu loin des adultes (à la récréation par exemple), facilement confondue avec de simples taquineries.
Enfin, faire équipe avec le corps pédagogique vous permettra de trouver des solutions, que ce soit au sein de l’école, ou en vous orientant vers le bon spécialiste :
- un conseiller d’orientation pour l’indécision scolaire et la démotivation ;
- un psychologue en cas de phobie ou de dépression ;
- un orthopédagogue pour les difficultés liés à la lecture, l’écriture ou les mathématiques ;
- un éducateur spécialisé en cas de problèmes de comportement ;
- un coach pour retrouver la motivation ;
- etc.
Plusieurs contacts sont à votre écoute au sein de l’école : le directeur ou la directrice, le professeur principal, le conseiller d’orientation ou encore un éducateur.
Malgré les croyances populaires, l’école est un terrain de développement fantastique pour l’enfant : apprentissage, début d’indépendance, découvertes sociales… Si votre enfant déteste l’école, vous pouvez lui redonner le goût d’apprendre en instaurant un dialogue entre vous et en vous entourant des bonnes personnes. Que son aversion provienne d’une peur, d’une difficulté, d’un manque d’intérêt ou d’une précocité : il n’y a pas de fatalité ! Vous pouvez également nous contacter pour obtenir plus de conseils.
Pour aller plus loin :
- Les troubles des apprentissages
- La pédagogie différenciée
- Les enfants à haut potentiel, surdoués et intellectuellement précoces
- Découvrir l’approche My sherpa
Carole Bertrand, pour My Sherpa
Sources :
- Enseignement.be
- UFAPEC
- La Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente
- Accrochage scolaire
- Phobie.com
- Infos-jeunes.fr
- enfantsprecoces.info
- Naître et grandir
- Cairn.info : Lutter contre le décrochage scolaire : quelques pistes pédagogiques [1] Marie-Anne Hugon
- Allodocteurs : Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre